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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 22:46

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Article paru sur le blog de Jean Quatremer

 

 

Jean Quatremer est le correspondant de Libération à Bruxelles. "Européen convaincu", si tant est que ce terme ait un sens, il est de fait l'un des plus importants propagandiste de l'oligarchie européenne. Pour s'en convaincre, il suffit de lire cet article qui constitue une ode à M. Trichet, ancien Président de la BCE. 

 

Ne cherchez ni les critiques, ni même les nuances. Vous n'en trouverez pas. La situation est catastrophique. Mais ce type a tout réussi. Cet article est grotesque. Ce journaliste l'est tout autant. Trichet est bien entendu l'un des plus grands responsables de l'amer désastre que nous vivons et pour mieux vous en convaincre lisez cet article. Mais à l'envert !

 

 

 

Mélancolie. Le mot vient à l’esprit de Jean-Claude Trichet, 68 ans, ni usé, ni fatigué, mais «mélancolique à l’idée de partir maintenant». Avec une pointe d’amertume à l’égard des politiques qui ont mis un temps fou à comprendre l’extrême gravité de la crise débutée en 2007 et rechignent toujours - la peur de perdre une once de pouvoir - à adopter les mesures radicales nécessaires pour sauver l’euro. Pour lui, le temps des grands politiques, qui avaient une expérience directe de la Seconde Guerre mondiale, est passé. Ni Jacques Chirac, ni Nicolas Sarkozy, ni Angela Merkel ne paraissent pas figurer dans son panthéon privé, même s’il ne cite jamais aucun nom. Jean-Claude Trichet est un homme poli. Mais l’euro pourrait ne pas survivre. Et c’est ce qui plonge dans la mélancolie le président de la Banque centrale européenne (BCE), malgré les acclamations et les honneurs qui ont salué son départ lundi dernier.

 

Ancien haut fonctionnaire français devenu l’un des banquiers centraux les plus puissants et les plus respectés de la planète, Jean-Claude Trichet avait rêvé d’un autre clap de fin. L’Européen convaincu ne cache pas sa tristesse de ne pas avoir mené à terme «la bataille», celle qu’il a conduite pour installer l’euro, alors que la zone euro fait face, comme tous les pays avancés, à «la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale» : «Mon mandat est de huit ans non renouvelable - un élément important de l’indépendance de la Banque centrale - mais qui n’est pas si long qu’il n’y paraît», soupire-t-il. Il sait que l’effondrement de l’euro, pourtant seconde monnaie de réserve mondiale qui tient la dragée haute au dollar, serait pour lui un échec personnel, une petite mort. Car l’Europe est l’engagement de toute sa vie : il n’a pas ménagé sa peine pour imposer en France la Stabilitätkultur («culture de stabilité»), en menant la bataille du «franc fort» et de la «désinflation compétitive». La partie monétaire du traité de Maastricht, c’est lui, le combat contre les marchés qui ne croyaient pas à la monnaie unique, encore lui. Nul ne conteste qu’il est le sauveur de la zone euro, et plutôt deux fois qu’une.

Jean-Claude Trichet est donc un homme pugnace. Pugnace aussi à l’égard des journalistes qui le suivent depuis des années et qu’il a en haute estime : «Les médias sont le relais indispensable entre la politique économique et monétaire et les citoyens. S’ils ne sont pas convaincus, les citoyens ne le seront pas non plus.» Trichet n’a jamais varié sur ce point. Il est d’ailleurs le seul responsable européen à rappeler en permanence qu’il s’exprime «au nom de 332 millions de personnes et de dix-sept pays. La BCE est indépendante. Mais, en dernière analyse, elle est responsable devant les gens.»


Trichet et moi


Concernant Trichet et moi, je dois faire une confidence. Pendant vingt-et-un ans, j’ai croisé cet homme dans chacun de ses postes (gouverneur de la Banque de France, puis président de la BCE), en petit comité ou en tête-à-tête. Ça crée des liens. La première fois, c’était en décembre 1990. Il avait 46 ans et occupait, depuis 1987, la direction du Trésor après avoir été, pendant dix-sept mois, directeur de cabinet du conservateur Edouard Balladur, ministre de l’Economie et des Finances. La négociation du traité - qui n’était pas encore «de Maastricht» - allait commencer. J’avais publié dans le défunt «Cahier Europe» de Libération une double page présentant les équipes de négociation de chacun des douze Etats membres de la CEE de l’époque. Pour la France, le diplomate Pierre de Boissieu chargé du volet «union politique», Trichet celui de «l’union monétaire». Le jour de la parution de l’article, un appel téléphonique : le directeur du Trésor souhaite me rencontrer.
 

Trichet m’accueille dans les nouveaux locaux du ministère des Finances, à Bercy. Lui barre le front une mèche, pas encore grise, qu’il ne cesse de rejeter coquettement en arrière. Sourire avenant, costume impeccable, il s’exprime calmement, choisissant soigneusement ses mots. Il ne pratique pas encore - il ne deviendra gouverneur de la Banque de France qu’en 1993 - la langue particulière des banquiers centraux, jargon d’expressions technocratiques, code destiné aux marchés financiers extrêmement sensibles aux mots. Un banquier central ne dira jamais «je vais être franc avec vous», mais plutôt, comme Alan Greenspan, ex-patron de la Réserve fédérale américaine, «si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé».

Un directeur du Trésor, lui, n’est pas tenu à ces précautions langagières. Les échanges en sont facilités. L’ancien énarque, que la France ne connaît pas encore, se montre d’une urbanité exquise avec le journaliste novice qui vient de commettre une bourde. Contrairement à ce que j’ai écrit un peu vite, Trichet n’est pas le «second» de Pierre de Boissieu, mais son égal. Grave erreur, car l’homme a le sens de la précision et le souci des formes. Au cours de la conversation, il découvre l’étendue de mes lacunes économiques, encore une «exception» très française… Pédagogue, et sans l’ombre d’un mépris, il me donne, plus d’une heure durant, mon premier cours de politique économique et monétaire. Ce ne sera pas le dernier. Fin de la parenthèse personnelle.

Trichet n’est pas de ces hauts fonctionnaires si français convaincus qu’avoir raison suffit, l’explication devenant superflue. Sans doute parce qu’il n’a pas suivi la filière classique des élites hexagonales. D’abord scientifique, il aime les démonstrations : c’est comme ingénieur civil qu’il a commencé sa carrière, diplômé de l’Ecole nationale supérieure des mines de Nancy, avant de suivre la filière classique Sciences-Po et ENA, où il croise Claude Guéant. Il entre dans un ministère à 36 ans, dix ans plus tard que la plupart de ses condisciples, un âge où l’on a déjà appris que l’arrogance ne remplace pas la conviction.

S’il passe beaucoup de temps avec la presse, son relais d’opinion, il néglige encore moins les politiques. C’est lui qui a converti une partie de la classe politique française à une gestion économique plus rigoureuse. Car, au milieu des années 80, la France est encore droguée à l’inflation à deux chiffres, aux dévaluations à répétition (la valeur du franc a été divisée par trois face au mark en vingt ans), aux politiques de relances suivies de politiques de rigueur («stop-and-go»). Trichet est persuadé que ce n’est pas le bon chemin pour renouer avec la croissance et que la France devrait suivre l’exemple allemand : une monnaie stable, une inflation maîtrisée, une compétitivité en béton. Il réussira à en convaincre la gauche, notamment Pierre Bérégovoy, le ministre des Finances de François Mitterrand. Il aura plus de difficultés avec la droite, nettement moins sérieuse dans sa gestion économique.

Trois épisodes, tous liés à la droite, l’ont marqué au fer rouge. En 1995, alors qu’il est gouverneur de la Banque de France - enfin indépendante -, Jacques Chirac, élu sur le thème de la «fracture sociale», s’en prend violemment et à plusieurs reprises à son «monétarisme» tueur de croissance. En 2003, à la tête de la BCE cette fois, il voit à nouveau Chirac dans ses œuvres : avec la complicité de Gerhard Schröder, le chancelier allemand social-démocrate, le chef de l’Etat français parvient à affaiblir gravement le Pacte de stabilité, décision qui explique en partie la crise actuelle. Trichet tempête, en vain. En juillet 2007, enfin, Nicolas Sarkozy, à peine élu, vient à Bruxelles expliquer qu’il veut s’affranchir de la «pensée unique» bruxelloise et laisser filer le déficit public pour aller «chercher la croissance avec les dents». Il se heurte non seulement à Trichet, mais aussi à l’Allemagne, inquiète de voir son principal partenaire piétiner le règlement de copropriété de la monnaie unique.


Le plus Allemand des Français


Sarkozy, d’ailleurs, l’ignore superbement pendant plusieurs mois. Il aurait dû l’écouter. En janvier 2007, à Davos, Trichet avertit, dans l’indifférence générale, qu’une «correction de marché très importante» se prépare, en clair une tempête. Elle survient six mois plus tard, avec l’éclatement de la bulle immobilière américaine des subprimes. En vacances dans sa maison de Saint-Malo, Trichet est le seul au monde à comprendre la nature de la crise et ouvre grand le robinet à liquidités de la BCE, prêtant quasiment sans conditions aux banques commerciales afin d’éviter un effondrement du système financier. Les banques refusent en effet de se prêter entre elles, craignant de ne pas récupérer leur argent, chacune soupçonnant l’autre de dissimuler des subprimes dans son bilan. Alors que Sarkozy l’accuse, en septembre 2007, d’avoir «fait des facilités pour les spéculateurs», le Financial Times le décrète homme de l’année. En 1997, le journal économique britannique lui avait réservé un accueil plus mitigé :«La question de fond n’est pas de savoir si M. Trichet est un candidat convenable, mais s’il est raisonnable de lui confier ce poste», écrivait-il. Libéral, Trichet n’en est pas moins convaincu que l’économie de marché doit être régulée pour donner le meilleur d’elle-même. De quoi épouvanter les Anglo-Saxons. Voilà pourquoi, lors de son audition devant le Parlement européen en septembre 2003, il s’exclame «I’m not her in front of you as a Frenchman» («Je ne suis pas ici devant vous en tant que Français»). Juste un Européen ou, si l’on veut, le plus Allemand des Français.


Il s’enorgueillit d’ailleurs d’avoir mieux fait que la Bundesbank en assurant la «stabilité des prix»: il laisse derrière lui une inflation moyenne de 1,97% par an, juste sous la barre des 2%, objectif que s’est fixé la BCE. Mais c’est dans sa gestion pragmatique de la crise de 2007 qu’il a donné toute la mesure de son talent. En lançant la BCE dans le rachat des emprunts d’Etat les plus attaqués par les investisseurs sur le marché secondaire, celui de la revente, afin de faire baisser les taux d’intérêt. Personne n’attendait le «rigide» Trichet sur ce terrain, et les critiques françaises se sont brutalement tues depuis quatre ans.


«It’s your turn, Jean-Claude»

 

Dire qu’il a connu des crises est une sorte d’euphémisme :«J’ai toujours été habitué aux crises. Cela nécessite de la lucidité dans l’analyse et de la rapidité dans la réponse.» En clair, ne pas se laisser envahir par les émotions et réagir vite, très vite, les marchés financiers ne tolérant pas les hésitations. Mais celle que le monde traverse depuis 2007 est particulière. «Nous sommes dans la quatrième année de la crise mondiale la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, explique-t-il. Un ébranlement structurel et non pas simplement conjoncturel». Un «choc considérable» lié «à l’émergence de ce qu’on appelait encore il y a peu les pays du tiers-monde» qui va nous contraindre «à des adaptations rapides difficiles à accepter par les peuples». Le revoici pédagogue. «La première étape, commencée en juillet 2007, a duré un an et a été marquée par le blocage du marché interbancaire. La seconde étape survient le 15 septembre 2008 avec la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers : c’est celle de l’intensification de la crise des signatures privées. Elle a duré un an et trois mois et a entraîné la récession la plus grave depuis 1945. Depuis la fin de 2009, nous vivons la troisième étape, la crise des risques souverains. Son épicentre est en Europe, alors que celui des deux précédentes étapes était aux Etats-Unis.» Trichet se souvient, début 2010, aux prémices de la crise grecque, de la boutade de Ben Bernanke, patron de la Réserve fédérale américaine : «It’s your turn, Jean-Claude» («c’est votre tour, Jean-Claude»).

Et maintenant ? «Je vais observer une période de silence. C’est à Mario Draghi, mon successeur, de s’exprimer.»

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commentaires

F
Blog(fermaton.over-blog.com),N0-16. -THÉORÈME DE KONDRATIEFF -LA CRISE FINIE ?
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C
merci pour votre site ! nous sommes un mouvement gaulliste récent Union des Républicains de Progrès (URP)
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S
<br /> <br /> Merci de votre encouragement. Nous ne connaissons pas l'URP. Nous sommes des sympathisants de l'Union Populaire Républicaine, seul mouvement politique français qui propose de sortir la France de<br /> l'euro, de l'Union Européenne et de l'OTAN! Mais ce blog est non-partisan et vise à faire ouvrir les yeux à nos concitoyens sur le désastre de l'euro, alors que la grande majorité des médias en<br /> fait sans cesse l'éloge.<br /> <br /> <br /> <br />

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