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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 12:35

En 2011, le pays est toujours en crise, et toujours plus exsangue. La possibilité d'une sortie de l'euro est envisagée.


 

images-2.jpgContrairement au programme de redressement sur plusieurs années, qui avait été annoncé avec la mise en place d'une première aide conjointe de 110 milliards d'euros de l'Europe et du Fonds monétaire international (FMI) à la Grèce en 2010, la République hellène ne reviendra pas faire appel aux marchés en 2012.

 


En 2011, il aura fallu débloquer une nouvelle aide de 120 milliards d'euros, et ses modalités, en particulier le « haircut », soit le montant de la perte essuyée par les investisseurs privés détenteurs d'obligations grecques, ne sont pas encore bouclées. Car la Grèce est exsangue : récession, chômage, exode, système bancaire, évasion fiscale, crise sociale, incapacité des politiques à mener certaines missions, corruption...

Certains responsables européens commencent à évoquer la possibilité que le pays sorte de la zone car le cercle vicieux de l'austérité et de la pauvreté sans possibilité de dévaluer est en train d'enfoncer le pays. Incapable de s'unir le Parti socialiste au pouvoir, le Pasok a fini par se diviser, obligeant le Premier ministre, Georges Papandréou, à démissionner, après avoir tenté de se maintenir, en annonçant un référendum populaire, mais qui lui a attiré les foudres des responsables européens, Nicolas Sarkozy en tête. Désormais, c'est l'ancien patron de la banque centrale du pays, Lucas Papademos, qui dirige une coalition gouvernementale où dominent les socialistes, et où l'on trouve en plus des conservateurs, l'extrême droite. Comme son prédécesseur, Lucas Papademos peine à trouver un consensus de nature à répondre aux exigences des plans des créanciers. Et la prochaine tranche de l'aide en 2012 pourrait à nouveau donner lieu à d'âpres négociations.

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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 12:32

Les gouvernements italien et grec ont chuté, faute d'avoir résolu le problème de la dette publique. Pour réussir là où ils ont échoué, les politiques ont désigné des économistes, anciens banquiers, qui ne sont jamais passés devant les électeurs.

 

Mario Monti, l'Italien, et Lucas Papademos, le Grec, membres du sérail européen et anciens de Goldman Sachs, ont profité de la confusion politique pour gagner la tête de leurs pays respectifs... sans jamais passer par la case élection. Une atteinte à la démocratie pourtant saluée par la troïka et les dirigeants européens, qui y voient le seul moyen de mettre en place l'austérité. Celle-là même qui a eu raison de leurs prédécesseurs élus, Silvio Berlusconi et Georges Papandréou.

Mario Monti est un ancien commissaire européen et membre fondateur du groupe Spinelli, qui défend l'idée d'une Europe fédérale. Lucas Papademos était quant à lui vice-président de la BCE jusqu'en 2010. Et tous deux jouissent d'une reconnaissance internationale pour leur expertise en économie. Ce qui leur a permis de faire l'unanimité parmi les parlementaires, au-delà des esprits partisans, pour assumer la lourde tâche de faire sortir leurs pays de la crise.

Mais les huit années passées par Lucas Papademos à la BCE ne lui ont pas permis de prévoir la dégradation des comptes grecs, ni d'anticiper la crise actuelle. Gouverneur de la banque centrale de la Grèce au moment de l'entrée du pays dans la zone euro, celui-ci connaissait pourtant parfaitement la situation des comptes helléniques. Et le 1er décembre, son gouvernement d'union nationale connaissait déjà sa première journée de grève générale.

La connaissance des marchés

En Italie, la nomination de Mario Monti n'a pas calmé les marchés. Loin de faire confiance à sa seule réputation d'économiste, les souscripteurs de bons du Trésor italien veillent au grain. Le 25 novembre, c'est-à-dire à peine quinze jours après la nomination du nouveau président du Conseil, le taux de l'emprunt à 2 ans transalpin atteignait un niveau historique de 8,19 %. Le pressant de dévoiler au plus vite son plan de rigueur, adopté à une écrasante majorité par la chambre basse du Parlement le 5 décembre dernier.

À plus petite échelle, Mariano Rajoy, le nouveau Premier ministre espagnol, a nommé à la tête du ministère de l'Économie l'ancien président de Lehman Brothers dans la péninsule Ibérique, Luis de Guindos. Bien que membre du Parti populaire, cet expert n'a jamais participé à la moindre élection. Ces technocrates présentent en fait surtout l'avantage de parler la même langue que leurs collègues financiers et bruxellois. Celle de la rigueur budgétaire, qu'ils pourront mettre en place sans crainte d'une sanction électorale, puisqu'ils ne sont pas engagés dans une carrière politique de long terme. Selon Silvio Berlusconi, qui s'exprimait dans le journal italien « Il Corriere della Sera » du 20 novembre, Mario Monti se serait engagé devant le président Giorgio Napolitano à ne pas être candidat aux prochaines élections législatives de 2013.

Mais le risque de montée du populisme qui découle de ces nominations est bien réel. Et les professionnels du genre, à l'instar de la Ligue du Nord d'Umberto Bossi en Italie et de l'extrême gauche en Grèce, se préparent déjà à fustiger d'autant plus l'austérité, tueuse de croissance, qu'elle semble être aujourd'hui l'oeuvre directe des bras armés de Bruxelles et des banques.

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 21:43

La réorientation de la politique économique et la restauration de l'autorité de l'État sont à l'origine de ce spectaculaire rétablissement.


 

getFile.jpgIl y a dix ans, le 23 décembre 2001, un président intérimaire déclarait l'Argentine en cessation de paiements sur sa dette souveraine (100 milliards de dollars). Étranglé les plans d'ajustement imposés par le FMI, la parité fixe liant le peso au dollar et son endettement, le pays est en récession depuis trois ans. Trois jours plus tôt, Fernando de la Rúa, le chef de l'État élu en 1998, avait abandonné le palais présidentiel en hélicoptère, laissant derrière lui une économie en ruine et trente-huit morts : la police avait tiré sur des manifestants qui protestaient contre le blocage des comptes bancaires institué par un gouvernement aux abois. Mais la descente aux enfers n'est pas terminée. Le 2 janvier, le peso est dévalué. L'Argentine s'enfonce dans le chaos. Les faillites se multiplient, le chômage atteint 25 % et la moitié de la population tombe sous le seuil de pauvreté.

Dix ans après, l'Argentine affiche une insolente santé économique, avec une croissance de 8 % par an depuis 2003. Et si la pauvreté touche encore 20 % de la population, le taux de chômage, à 7 %, est un des plus bas de l'histoire du pays. Les salaires ont augmenté, les profits des entreprises, aussi, et les Argentins consomment à tout-va. Comment expliquer un tel redressement ?

Méfiance à l'égard des banques

L'Argentine est repartie dès la mi-2002, quand le président Eduardo Duhalde décide, avec son ministre de l'Économie Roberto Lavagna, de tourner le dos au FMI, qui réclamait plus d'austérité pour payer la dette. Le gouvernement donne la priorité à la lutte contre la pauvreté et à la remise en ordre de l'économie réelle. La demande reprend et les entreprises, plus compétitives du fait de la dévaluation, peuvent y répondre.

Élu en 2003, Néstor Kirchner poursuit et approfondit cette politique. Il rompt avec le FMI et impose aux créanciers de la dette une décote de plus de 50 % sur la dette, estimant que l'Argentine ne pouvait payer plus. Avec des finances publiques assainies et des rentrées fiscales en hausse, il multiplie les investissements publics dans les infrastructures, l'éducation et les programmes sociaux. Avec lui, et avec son épouse Cristina Fernández de Kirchner, qui lui succède en 2007, l'autorité et le rôle de l'État sont restaurés.

L'économie tournant à plein régime, la présidente améliore les retraites et généralise les allocations familiales, tandis que les salaires augmentent d'année en année d'un pourcentage supérieur à celui de l'inflation. Les Argentins ont gardé des évènements de décembre 2001 une grande méfiance à l'égard des banques et de la finance internationale. Ils critiquent l'interventionnisme du gouvernement mais considèrent que l'État doit jouer un rôle essentiel dans l'économie. Et sont convaincus que ce n'est pas avec plus d'austérité que l'on sort de la crise.

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 19:21

Article de Gérard Lafay, professeur émérite à l'université Paris-II

Contrairement aux espoirs annoncés, l'euro a manifestement échoué. A l'intérieur de la zone concernée, il n'a engendré qu'une faible croissance économique, une délocalisation des activités industrielles et la persistance du chômage, tout en accentuant les divergences entre les pays membres. La politique de la Banque centrale européenne a en effet suscité une surévaluation chronique de la monnaie unique européenne, et elle a permis un endettement accentué des nombreux agents économiques, tant publics que privés. Au lieu de jouer un rôle d'entraînement, l'Allemagne a mené une politique salariale inutilement restrictive, accentuant le déficit de certains pays de la zone, au point de les conduire au bord du gouffre.

Sur le plan économique, l'euro ne pourrait être poursuivi qu'en menant un fédéralisme budgétaire, solution préconisée par Messieurs Jean-Claude Trichet et Dominique Strauss-Kahn. Cohérente sur le plan économique, cette solution est inapplicable politiquement dans un régime démocratique. Elle impliquerait le même type de transferts budgétaires que celui qui existe, à l'intérieur de chacune des nations, entre les régions riches et les régions pauvres. Or l'Europe n'est pas une nation, qui a l'habitude d'accepter cette forme naturelle de solidarité. Le pays le plus riche, l'Allemagne, exclut même formellement une telle formule, ayant déjà suffisamment payé pour mettre à niveau les länder de l'ex-RDA.

A plus ou moins brève échéance, l'euro est donc condamné. La question n'est donc pas de savoir s'il faut recréer le franc : une telle issue est inéluctable. La seule question pertinente est de connaître les conditions dans lesquelles ce processus va se dérouler.

Le plus grave serait de subir en catastrophe, sous la pression de la spéculation, une dislocation désordonnée de la zone euro. Au lieu de pratiquer la politique de l'autruche, en se berçant d'illusions, il faut donc préparer calmement la solution alternative qui va s'imposer impérativement. D'une part, en précisant les conditions de recréation des différentes monnaies nationales, et en particulier du franc français. D'autre part, en mettant en place un nouveau système monétaire européen.

Techniquement, la recréation du franc français, comme celle des autres monnaies de l'actuelle zone euro, est une solution facile, qui prendra au plus quelques mois. On a déjà l'expérience de l'opération inverse, qui a abouti à la création de l'euro, et on connaît l'exemple de diverses zones monétaires qui se sont scindées, que ce soit lors de la division de la Tchécoslovaquie ou lors de l'éclatement des anciennes fédérations soviétique et yougoslave. Il conviendra simplement de dissoudre la Banque centrale européenne, de répartir ses réserves de change au prorata des apports initiaux, et de restituer à la Banque de France l'intégralité de ses attributions.

La seule question posée est de savoir quel taux de conversion devra être adopté. La première solution, qui satisferait les nostalgiques, serait de prendre l'inverse de ce qui avait été retenu lors du passage à l'euro, c'est-à-dire de revenir au franc ancien qui existait avant 2002, en multipliant tous les chiffres par 6,55957. Cette formule aurait deux inconvénients : d'une part, de favoriser le dérapage inflationniste en troublant les consommateurs, comme ce fut le cas lors de l'opération de 2002 ; d'autre part, de modifier tous les contrats existants. La seconde solution, qui serait sans doute la meilleure, serait de prendre le taux de conversion le plus simple, c'est-à-dire de décréter qu'un franc nouveau est égal à un euro.

NOUVEAU SYSTÈME MONÉTAIRE EUROPÉEN

Vis-à-vis des autres monnaies, la valeur d'un franc nouveau sera déterminée par le marché des changes. Elle évoluera en fonction de la politique qui sera menée en France, tant dans l'économie que dans la gestion du change. Il est faux de s'imaginer que notre pays soit fatalement laxiste, car il fut autrefois exemplaire (à l'époque du général de Gaulle jusqu'en 1968, puis de Georges Pompidou). Non seulement la création d'un franc nouveau ne nous dispensera pas des efforts nécessaires pour rétablir la situation budgétaire et pour résoudre le problème des retraites, mais elle facilitera leur solution en permettant de retrouver les moyens de la croissance économique.

La création d'un franc nouveau doit aller de pair avec l'organisation d'un nouveau système monétaire européen, afin de sauvegarder les aspects positifs de l'Europe, tout en tirant les leçons des difficultés qu'avait connues l'ancien SME mis en place en 1979. Il conviendra de ne pas se focaliser sur les taux de change nominaux, mais de ne retenir que les taux de change réels, c'est-à-dire les niveaux relatifs de prix des pays les uns par rapport aux autres. Le maintien d'un taux de change réel exige que le taux de change nominal de la monnaie correspondante puisse varier en fonction des écarts d'inflation, en plus (appréciation) pour un pays peu inflationniste, en moins (dépréciation) pour un pays trop inflationniste.

La mise en place de ce nouveau système monétaire européen implique que l'on mette en priorité la politique de change dans chacune des nations européennes, compte tenu des anticipations des opérateurs. En influant sur le taux de change nominal, et tout en stérilisant ses effets internes, cette politique permet d'obtenir le taux de change réel qui est désiré pour chaque nation. Celui-ci doit être conforme à la solidité de son appareil productif, c'est-à-dire qu'il doit être d'autant plus bas que le pays est plus fragile structurellement afin d'équilibrer sa balance commerciale.

Ainsi, entre les pays européens, il faudra s'accorder sur les niveaux des taux de change réels qui correspondent à leur situation objective, en permettant aux pays en retard de se développer plus vite, mais sans leur donner un avantage excessif de compétitivité. Vis-à-vis du reste du monde, une monnaie commune, telle que l'écu, sera créée comme la moyenne pondérée des monnaies nationales, mais son taux de change réel devra demeurer réaliste, c'est-à-dire que le niveau moyen des prix européens ne devra pas être trop cher.

Mais la politique de change n'est pas toujours efficace si l'on se trouve en présence de partenaires dont la monnaie est visiblement trop bon marché, parce qu'ils achètent des réserves en devises étrangères (cas de la Chine). Sans pour autant s'engager dans la voie dangereuse du protectionnisme, la solution sera alors d'établir les conditions d'une concurrence loyale dans les échanges commerciaux avec les pays fautifs, par des prélèvements à l'importation et par des restitutions à l'exportation, comme Maurice Lauré l'avait préconisé en 1993.

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 17:24
La crise que traverse l'euro ressemble fort à l'explosion du système monétaire européen qui a eu lieu au début des années 90, observe l'économiste Rémi Bourgeot pour qui les solutions envisagées ne pourront que buter sur les fondamentaux politiques allemands.
(Wikimedia - Rage against - CC)

Euroland : un monde en crise perpétuelle ?

Si la crise de l’euro semble ne plus en finir, c’est peut-être parce qu’elle dure en réalité depuis plus de vingt ans.
En 1993, ce qu’on appelait alors le système monétaire européen (SME) et que l’on peut à juste titre considérer comme un ancêtre très proche de l’euro, explosait avec son lot (devenu cruellement familier) de déchirements politiques.

Le 5 septembre 1992, lors d’un sommet européen à Bath, dont l’ambition était d’enrayer les attaques spéculatives sur les monnaies européennes, Otto Schlesinger, président de la Bundesbank, déclarait au ministre britannique des finances Norman Lamont :
« Mon cher Norman, vous nous avez posé la même question quatre fois, et quatre fois nous avons donné la même réponse. Nous n’avons plus de temps à perdre. Donc si vous la posez de nouveau, nous irons prendre notre hélicoptère »(*).
Cette déclaration ne répondait pas tant à une question qu’à une supplication désespérée, visant à ce que la banque fédérale allemande finisse par rabaisser son taux directeur.

A la suite de l’absorption de la RDA, l’Allemagne s’était retrouvée confrontée à certaines tensions inflationnistes qui avaient conduit la Bundesbank, en vertu de son mandat anti-inflationniste, à relever fortement ses taux d’intérêt, de presque 3% en 1991 et 1992. En effet, en vue de faciliter l’intégration de l’Est, le gouvernement fédéral avait engagé des dépenses qui avaient fait passer son déficit budgétaire de 5% à plus de 13% du PIB. Ces transferts (qui au total représentaient la moitié de l’épargne ouest-allemande) s’étaient traduits par une demande importante et nouvelle des Allemands de l’Est, d’autant plus que leurs ostmarks furent globalement convertis en deutschemarks à un taux de un pour un, trop généreux (et qui allait entraîner la dévastation du tissu industriel est-allemand).

Au-delà de sa dimension nationale, cette politique engageait l’ensemble des pays du système monétaire, qui étaient tenus de maintenir quasiment fixe le taux change entre leur monnaie et le deutschemark, et donc, en l’occurrence, à augmenter également leur taux d’intérêt. Hélas, on se trouvait alors dans une phase de récession mondiale. En particulier, le Royaume-Uni faisait face à sa pire récession d’après-guerre, avec un chômage à plus de 10%.
Dès lors, les marchés ne s’y trompèrent pas en estimant que ces divergences et l’incohérence du système dans cette phase allait leur permettre de le faire exploser. C’est l’histoire du milliard de dollars et de la renommée mondiale de George Soros qui, défiant la Banque d’Angleterre, s’endetta massivement en livres sterling pour les changer aussi massivement et ne les rembourser qu’après la chute de la devise, à laquelle il aura – modestement – contribué.

Les banques centrales et les trésors des pays attaquées se lancèrent dans une lutte désespérée, pour l’honneur monétaire pourrait-on dire, prêtes à épuiser leurs réserves et à offrir des taux d’intérêt de court terme astronomiques. Les mesures tardives ne suffirent pas et le 1er août 1993, on annonçait officiellement la fin du SME, remplacé par un système dont on peinait à percevoir la différence avec celui des changes flottants.

Si la crise de l’euro est, à divers égards, différente de celle qui entraîna l’effondrement du système monétaire européen, elle partage néanmoins avec elle plusieurs traits fondamentaux.

En premier lieu, elle résulte de divergences structurelles entre les économies européennes. Au-delà du simple niveau d’endettement public, les pays les plus ciblés par les marchés (Espagne, Portugal, Grèce, Italie, France) se trouvent tous, en profondeur, dans une situation de déficit des comptes courants qui n’a fait que s’aggraver, dans un contexte où l’ajustement par les taux de change est devenu impossible, par définition. Si les marchés s’attaquent à des pays dont le niveau d’endettement a explosé avec la crise, comme l’Irlande ou l’Espagne, en raison de leurs bulles de croissance artificielle, ils attaquent également un pays comme l’Italie, dont le niveau d’endettement est relativement stable (bien qu’élevé à environ 120% du PIB) et qui, contrairement à la France, génère même des excédents budgétaires primaires (c'est-à-dire en excluant le coût du service de la dette). La spéculation sur l’explosion de l’euro porte donc bien fondamentalement sur la question de la divergence des économies européennes et non sur une simple question de gouvernance budgétaire.

Ce point est très important en ce qu’il indique que de simples mises sous tutelle des gouvernements nationaux ou  une harmonisation budgétaire à l’échelle de la zone monétaire seront insuffisants. En l’absence d’ajustement par le taux de change ou d’une déflation salariale d’une ampleur impraticable dans un contexte démocratique, il faudrait en réalité des transferts illimités dans le temps, du cœur de la zone vers les Etats périphériques, pour financer les conséquences budgétaires de cette divergence structurelle. Si tous les Etats européens ont - pour peu que cela soit encore possible - intérêt à sauver l’euro, face au chaos financier que son implosion entraînera, l’Allemagne reste extrêmement réticente, face à ce qu’elle perçoit désormais du coût d’un tel système de transferts dans une dynamique de divergence.

On a tout à fait tort, à ce sujet, de se référer sans cesse au traumatisme de l’hyperinflation de la République de Weimar lorsqu’on tente de comprendre la position allemande sur d’éventuels rachats massifs d’obligations souveraines par la BCE. L’orthodoxie monétaire des banquiers centraux allemands est une réalité mais, au-delà de ce trait évident, la monétisation par la BCE ne serait qu’une option « bazooka » pour tenter de calmer les marchés, à court terme. Sur le long terme, la généralisation de la rigueur, notamment avec un système « d’euro-bonds », ne manquera pas d’engendrer un système de récession généralisée qui ne pourra que nécessiter des transferts budgétaires massifs, en retour.
 
Que l’on considère l’épisode du SME avec une politique monétaire incompatible avec le système commun ou la déflation salariale pratiquée sous le gouvernement Schröder, il apparait clairement que l’Allemagne garde une conception nationale de la politique économique. Qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, là n’est pas la question. Il s’agit d’une donnée fondamentale concernant un problème qui ne cesse de faire trébucher l’Union européenne et qui la menace désormais dans son existence même. En ce sens, l’approche de François Mitterrand qui avait consisté à arracher l’accord de Helmut Kohl sur la monnaie unique, en échange du soutien français à la réunification allemande, a été une erreur. Bien que la création de l’euro ait bénéficié à l’Allemagne en sécurisant ses exportations vers ses partenaires européens, le jeu collectif qu’exigeait ce système n’a pas été appliqué.

Alors que la crise atteint son point de non retour, les Etats se retrouvent à nouveau confrontés à des interrogations existentielles quant à leur rôle dans l’Union européenne. C'est-à-dire qu’ils sont enfermés dans le temps long d’une structure complexe et difficilement réformable, alors que les marchés, pris de fièvre, réclament des réponses immédiates. Chaque solution, de court ou long terme, se retrouve bloquée par cette contradiction fondamentale.
Ainsi, le Fonds européen de stabilité financière s’est retrouvé doté d’un montant de 440 milliards d’euros très largement insuffisant au regard du degré de contagion actuel et de la probable dégradation de la note française par les agences de notation.

L’idée de faire du FESF une banque qui pourrait décupler sa force de feu en empruntant auprès le la BCE a également rencontré une forte opposition de l’Allemagne et de la BCE elle-même. On a alors désespérément élaboré une solution, alambiquée, consistant à ce que le fonds assure une part des titres de dette émis par les Etats en difficulté.

Le manque de visibilité et de consensus derrière ces mécanismes complexes ont sapé la confiance des marchés. Si la BCE finissait par s’engager dans des rachats massifs afin de décourager enfin la spéculation sur les dettes européennes, encore faudrait-il que la menace soit crédible, c'est-à-dire que la BCE se déclare prête, pour freiner l’envolée des taux, à des rachats illimités.

Le chaos politique qui entoure les décisions européennes risque non seulement d’empêcher cette tentative de la dernière chance, mais plus encore de saper la crédibilité du mécanisme. Ainsi l’effet de l’intervention n’est pas garanti, dans le contexte de crise existentielle à répétition qui touche l’Union européenne.

Les solutions techniques de court terme existent, pour freiner la contagion. Ce qui les bloque en vérité les unes après les autres, c’est que le modèle de long terme met l’Allemagne dans une situation inextricable, entre ses fondamentaux politiques et la survie de notre système monétaire commun, à laquelle elle a pourtant le plus intérêt.
La restauration d’un système monétaire européen stable nécessitera de ne plus ignorer ni les dynamiques économiques réelles ni les aspirations diverses des peuples européens.

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 02:24

Par Roland HUREAUX

 

images-copie-8.jpgLe moindre paradoxe de l’euro n’est pas que  ceux qui sont la cause de sa mort (prochaine, mais certaine) sont les mêmes que l’on a  identifiés le plus à lui dans l’opinion internationale.

D’abord l’Allemagne, qui a donné longtemps l’impression au moins aux Français,  que l’euro était sa chose, qu’elle   était le meilleur élève de la classe : certes l’initiative d’une monnaie unique était plutôt partie de la France mais l’Allemagne avait dicté ses conditions : l’euro serait un mark bis élargi à l’Europe et il supposait un pacte de stabilité imposant à tous les pays de la zone une rigueur de type allemand.

Ensuite Jean-Claude Trichet, huit ans gouverneur  de la Banque centrale européenne, laquelle connait sans doute ses derniers jours. Militant de l’euro dès l’origine, il l’avait préparé en imposant dès 1992 la politique du franc fort et  s’est fait l’artisan, dès qu’il pu accéder à la tête de la BCE,  d’un euro également fort.

L’Allemagne a tué l’euro dès le départ en s’imposant un régime draconien de déflation des salaires et des prix intérieurs pour  trouver d’emblée une marge de compétitivité substantielle par rapport aux autres européens  d’environ 10 %  - dont 3 % de TVA sociale. Pour la plupart des pays de la zone, l’euro a signifié l’argent facile, l’adoption d’une monnaie au fort pouvoir d’achat ; au même moment, les Allemands  entreprenaient de se serrer  la ceinture pour mieux vendre à  ces nouveaux  consommateurs du reste de la zone, provisoirement déresponsabilisés. On a vu dans cette politique mercantiliste la volonté hégémonique de l’industrie allemande ; certes, mais il faut y voir aussi le caractère anxieux d’un pays, qui , congénitalement a besoin de faire des réserves ; il faut y voir surtout la stratégie du patronat  allemand (au moins d’une partie)  qui en promouvant une croissance uniquement fondée sur l’exportation pouvait vendre beaucoup sans avoir à  augmenter  le pouvoir d’achat des salariés allemands et donc accroître ses bénéfices et verser de meilleurs dividendes. Le paradoxe est que c’est  le  gouvernement social-démocratie de Schroeder qui a imposé cette politique  plus  favorable au capital qu’au travail.

Le résultat  a été un déséquilibre des échanges courants entre l’Allemagne et les autres pays qui n’a fait que s’aggraver depuis 1999 et qui  continuera de le faire  tant que les autres pays n’auront  pas réajusté leurs coûts par une dévaluation, ce qui veut dire une sortie de l’euro. Epreuve de vérité pour eux, dans la mesure où l’euro les a fait vivre au dessus de leurs moyens, mais aussi pour l’Allemagne qui ne pourra exporter aussi  facilement qu’aujourd’hui dans la zone euro et sera obligée de développer  son marché intérieur. Comme on n’a jamais vu les fourmis devenir cigales et les cigales devenir fourmis, il n’y a évidemment pas d’autre solution pur rééquilibrer les échanges intra-européens.

L’autre tueur de l’euro aura été  Jean-Claude Trichet : à la rigueur l’euro aurait-il pu être supportable  pour les pays européens les plus faibles   si ces derniers avaient pu continuer à exporter hors de la zone euro grâce à un euro relativement faible. C’est ce que  comprit  Wim Duisemberg , le premier président le la BCE  qui s’évertua à maintenir l’euro autour de  0,9 $. Mas dès que Trichet lui succéda en 2003, il  favorisa la remontée du cours de l’euro à 1,3 – 1,4 $, quelque fois plus. Seule l’Allemagne,  et encore,  pouvait résister à cette situation qui renchérissait tous les produits européens sur le marché mondial. Dans toute l’Europe, les industries périclitèrent et se délocalisèrent. Cette  politique folle est la principale responsable de la  désindustrialisation de notre continent. Les tensions sur les pays du Sud devinrent assez vite insupportables : on connait la suite.

On pourrait comparer la  monnaie unique européenne à une course    course contre la montre par équipes en montagne. Le peloton que constitue l’équipe doit rester groupé jusqu’au sommet du col,  c’est la règle. Cela suppose que tout le  monde joue le jeu ; or dans l’euro  certains n’ont pas joué le jeu. L’Allemagne peut être comparée à un  coureur  plus athlétique, qui dès le départ de la course, aurait mis  des bouchées doubles pour lâcher le reste de l’équipe.  La politique de  l’euro fort est comparable à celle d’un directeur sportif qui imposerait à l’ensemble de l’équipe un gros braquet, y compris aux coureurs  qui, par leur gabarit, auraient besoin d’un braquet plus faible. L’euro, c’est le même braquet pour toute l’équipe Europe, ce qui est  déjà très difficile  à tenir ; à tout le moins  fallait-il  que ce fut  un braquet moyen adapté aussi bien aux coureurs les pus athlétiques qu’aux  légers. Ce ne fut pas le cas.

Tout se passe comme si, sournoisement, l’Allemagne, restée attachée au mark, avait fait payer au reste de l’Europe d’avoir dû se rallier à l’euro en le sabotant, et comme si Trichet , pour mieux passer à l’histoire, s’était   efforcé de ne pas avoir de successeur à la tête de la Banque centrale européenne.

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 13:05

 


 
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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 15:21

 


 
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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 03:17

 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 21:36

images-copie-7.jpg

 

Débat entre JP Chevènement, MF Garaud, S. Veil et l'humouriste Attali en 1996 sur la monnaie unique.

 

Déjà à l'époque on parlait des problèmes du "couple" franco-allemand, de la surrévaluation du Mark par rapport aux économies italienne, espagnole ou française, de l'austérité généralisée qui risquait de plonger l'Europe dans la récession etc

Déjà à l'époque on nous racontait que l'Europe allait nous apporter monts et merveilles: emploi, pouvoir d'achat, croissance, solidarité, Europe social etc

Déjà à l'époque le bon sens nous mettait en garde contre l'aberration économique et la catastrophe sociale de l'euro-maginot et l'indépendance d'une BCE construite sur le modèle de la Bundesbank

Déjà à l'époque J Attali prédisait le contraire de ce qui est réellement arrivé.

 

 

A noter tout particulièrement deux interventions (dès les 7 premières minutes) de l' "expert" Attali qui, décidément, ne manque pas d'humour:


"L'europe de Maastricht créera des millions d'emplois, lorsque le traité sera appliqué, il est évident qu'une très forte croissance en découlera car nous aurons un très vaste espace économique avec une monnaie unique."

 

"Si nous n'avons pas de monnaie unique européenne nous aurons une Europe allemande, la monnaie unique sera le Mark et la France deviendra irréversiblement une colonie allemande."

 

10 ans après l'introduction de l'euro dans nos porte-monnaies on sait ce qu'il faut en penser...

 

Cette vidéo rappelle également que les partisans de Maastricht (au premier rang desquels le trio Delors-Mitterand-Attali) avaient promis lors de la campagne référendaire de 1992 jusqu'à 6 millions d'emplois créés en Europe grâce à l'euro-maginot...

 

Mais à cette époque, M.Attali n'évoque pas la nécessité des eurobonds, de la politiique budgétaire commune, de la fiscalité unique, de l'harmonisation sociale (par le bas) franco-allemande... bref de l'abandon total de notre souveraineté  pour conserver l'euro.

Pourtant il nous explique désormais (deuxième vidéo) que tout le monde le savait et que c'était une évidence. Cette fuite en avant supranationale s'appelle la méthode Monnet du fait accompli!! Et c'est ainsi que se fait la "construction européenne" depuis des décennies, sans jamais demander l'avis des peuples!

 

 

 

 

 

 

Vous pouvez retrouver notre précédent article sur les mensonges d'Attali ici.

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  • : Sortir de l'euro 2012
  • : SORTIR DU TITANIC AVANT QU'IL NE COULE!! Ce blog vise à permettre au plus grand nombre de citoyens d'ouvrir les yeux sur la triste réalité du désastre de l'euro, dont le bilan catastrophique est désormais incontestable et dont la fin inéluctable se rapproche à grands pas.
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